- Les Stones ont connu des hauts et des bas. Comment expliquez-vous que 40 ans après leur début ils soient toujours aussi célèbres ?

- Ce n'est sans doute pas la même "célébrité". A l'Olympia, ils sont passés devant nous en car sans que personne ne se jette sur la voiture. Je crois qu'on a collectivement, ma génération ou celles qui suivent, la nécessité d'inventorier ce que nous a laissé cette mutation des années 60/70. On en est encore très près. Ceux qui incarnent cette mutation sont des catalyseurs, ou bien, pourquoi pas, des télescopes sur notre propre histoire...

- Quelles ont été les principales évolutions du groupe au fil du temps ?

- Après les premières années de concerts et tournées sans répit, une séparation du monde, un enfermement dans les studios. Puis le retour à la scène en 69, avec l'apport très brillant de Mick Taylor. Une période ensuite dominée par l'héroïne de Keith Richards, et puis la rédemption avec le bon docteur Ron Wood, qui guérit son copain. Une longue crise dans les années 80, et puis ce mariage de raison : des gens qui se fréquentent peu, mais qui savent sur scène recréer leur vieille alchimie.

- Selon vous, quel est le meilleur album des Rolling Stones ?

- Ceux de mon âge réécoutent toujours la trilogie des années 68-70, Beggars Banquet, Let it bleed, Sticky Fingers... Beggars Banquet, tout entier de la main de Richards, est sans doute pour moi leur disque le plus artiste.

- Et le meilleur titre ?

Avec un petit groupe d'amis, ces derniers mois, nous avons tenté de compiler sur des DVD Mp3 la totalité de ce qu'ils ont enregistré, officiel ou pirate : c'est presque 4000 morceaux. C'est plein de surprises positives. Le paradoxe des Stones, c'est d'avoir toujours produit une pépite même dans des albums parfois très lourds. Réécouter "Love in vain" donné un soir de 1971 à l'université de Leeds...

François BON (entretien METRO)